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Le jeudy io novembre, sur les quatre heures du soir, un jeune homme monta en la chambre de la femme d'Antoine Du Prat, prevost de Paris, sœur du sieur de Cani en Picardie, séparée d'avec son mary par arrest, comme elle se deshabilloit auprès du feu avec une ou deux de ses femmes, et lui donna un coup de dague dans la gorge; et après ce coup donné se retira, sans être vû ne retenu par aucun de la maison. On eut opi­nion que ce avoit fait faire son mary pour le procès de séparation, dans lequel elle le chargeoit de plusieurs crimes.
Le mercredy 24 novembre, mourut à Lyon Man­delot, gouverneur de cette ville. Le gouvernement fut donné au duc de Nemours, à l'instante priere de ma­dame de Nemours sa mere.
[ Le 3o de ce mois, un de mes amis s'étant adressé à Pericart, secrétaire du duc de Guyse, pour avoir un passeport, Pericart lui dit qu'il patientât encore un peu, et que bientôt ils changeroient de qualité. ]
Le 4 décembre, le Roy donna congé à d'O, et à Miron son premier medecin : se disant fort importuné de ce faire par les députés des Etats, c'est-à-dire par le duc de Guyse. Enfin, après la soumission de d'O et de Miron audit duc, à qui ils promirent d'estre fideles serviteurs, ils rentrèrent au service du Roy.
Cela fait, on fit promettre et jurer au Roy, surie Saint Sacrement de l'autel, parfaite réconciliation et amitié avec le duc de Guyse, [et oubliance de toutes querelles et simultés passées :] ce que Sa Majesté fit fort franchement en apparence; mais il songeoit bien à autre chose, comme l'issue le montra. Même, pour les contenter et amuser, déclara qu'il s'étoit résolu de
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